Sunday, June 29, 2014

Post 29 juin 2014


Le séjour en Floride était effectivement le clou du voyage. Non pas que la première partie à NY et New Jersey était insignifiante loin s’en faut ; mais en Floride c’était la partie vivante, émotionnelle et proprement vibrante du voyage aux EU.

Le décor là aussi n’a rien pour déplaire et en ce mois de juin où le printemps tarde à se muer en été, l’arrivée à Sarasota est une sorte de délivrance : le ciel bleu, le soleil, la chaleur intense et tout le décorum de vacances comme en rêve tout parisien frustré par le climat ambiant. Les palmiers, la mer azur en ligne de mire et un sable farine digne des plus belles plages du monde. D’ailleurs à Sarasota on n’est pas peu fier de crier que Siesta Key est la « number one beach in USA ». Nous nous installons dans un B&B à 50 m de la plage sur Long Boat Key et la première journée est à nous : le sable et l’eau à 30°. Nous finissons la journée comme des papes les pieds dans le sable à déguster au coucher du soleil des crispy calamaris l’une des spécialités locales. Pour un voyage que nous imaginions sérieux voire compliqué, le déroulement des étapes semble beaucoup plus nuancée.
Vendredi matin départ pour les bureaux d’Open Arms Consultant. Les sentiments sont mitigés, un mix de stress, d’excitation, d’impatience et d’appréhension comme si une partie de notre vie allait se jouer dans les prochaines quatre heures. L’environnement tropical et l’accueil familial nous fait tout oublier. Plus aucune anticipation, nous nous plongeons dans l’instant présent. Ghizlane, notre coordinatrice est là, première rencontre de visu, jusqu’alors nous ne étions parlé qu’au téléphone. Nous l’avions imaginé chacun différemment, au final elle ressemble à un ange souriant, qui plus est une ressemblance troublante avec l’une de nos meilleures amies. Autant dire que la partie semble gagner ! Il va se passer quelque chose de très étrange pendant ces quatre prochaines heures comme si la confrontation de la réalité que nous vivons ici - Bradenton Floride USA – étaient complètement déconnectées des fantasmes projetés en France sur la gestation pour autrui. J’étais déjà en colère concernant le manque de professionnalisme des médias et des intellectuels français à ce sujet. En repartant des USA je suis fou de rage. Comment peut-on asséner autant de contre vérités, de mensonges et de raccourcis sur le sujet avec autant de mauvaise foi dans un pays comme le nôtre ?

Pour l’instant, nous appréhendons le présent et le futur avec la même délectation. Après un entretien avec une psychologue sur nos motivations, nos histoires, notre envie d’être parent, nous voici réunis à Ami et son mari. C’est assez étrange de se retrouver face à face la future mère (porteuse) de notre ou nos enfants sans qu’il existe aucune histoire. L’histoire, la notre est en marche, nous la fabriquons avec Ami mais aussi Jerry son mari et l’aide de tous ces gens qui croient que des homos eux aussi peuvent devenir parents. Il y a un mélange de retenue et de proximité dans nos échanges, comme si nous avions déjà beaucoup en commun, pourtant pour l’instant tout reste à construire. Mais devant la simplicité d’Ami et son approche nous nous jetons encore plus sereinement notre propre histoire. Ami est mariée à Jerry depuis 19 ans, avec mon amoureux nous sommes ensemble depuis 18 ans, ils ont 3 enfants, nous en avons un. Ami est consultante informatique et Jerry pompier professionnel. Nous sommes loi des clichés et fantasmes malsains de ceux qui n’ont pas voulu se renseigner sur ce qu’est la GPA au Etats Unis. Nous sommes face à des personnes comme nous, qui ressemblent à nos amis, à nos voisins, à nos proches, à nos connaissances. Quelle chose bizarre de vivre une situation aux projections différentes que l’on soit d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. Messieurs mesdames les conservateurs français qui encensaient tant les Etats Unis pour leur modèle libéral et leur exemplarité, ne pourriez-vous pas changer le bout de votre lorgnette quand il s’agit de devenir parent ?

Sunday, June 22, 2014

Post 22 juin 2014

La vie est si inattendue.
Tant de choses se sont passées depuis le dernier post qu’il va falloir certainement plusieurs posts pour les relater.
Qui aurait cru que les choses iraient aussi vite ?
Mais commençons par le commencement.

Ce qui était annoncé est bien arrivé : nous sommes allés aux EU et avons rencontré Ami. En fait pas seulement Ami et pas seulement ce qui était prévu.
Le coup du passeport non renouvelé a vraiment failli mettre en péril ce voyage. Quand on y pense, c’est absurde, ce bout de papier qui peut remettre en cause (temporairement fort heureusement) le projet d’une vie.
Sauf qu’on supporte pas dans ce moment là, quand tout s’accélère, quand point l’aboutissement de la première phase, celle de la mise en place du projet avec signature du contrat Agence puis recherche des principales intéressées, donneuse et porteuse, que quelque chose d’aussi administratif puisse nous obliger à repousser notre venue. Autant anticiper autant que faire se peut ce genre de nécessité administrative.

Fort heureusement la procédure de renouvellement a été plus rapide qu’annoncée et nous avons pu confirmer le voyage pour la date prévue, le 3 juin.

La coordination des RDV et des examens préalables avec la clinique n’a pas été évidente. Cette clinique du  New Jersey est la meilleure du pays en termes de résultats, pour l’agence (qui recherche continuellement le meilleur pour ses clients) elle est incontournable. Il n’était donc pas une seconde question d’aller ailleurs.

L’agence a beau être située en Floride, on est aux EU, la distance importe peu, là-bas on prend l’avion encore plus facilement que nous en France prenons le train : formalités d’embarquement rapide, vols plus que réguliers, peu onéreux, et des aéroports partout. Ca ce n’était vraiment pas la difficulté.

Non la difficulté dans la préparation a été de bien comprendre ce qui était attendu de nous en terme de préparation médicale.
Il semblait qu’aucun examen ne devait au préalable être effectué, concernant la fertilité, la présence de virus type VIH hépatites etc. Point de vigilance : le médecin français qui ne serait pas totalement dans la confidence ou qui  estimerait savoir ce qu’il est important de détecter de ce qui ne l’est pas, aura tendance à prescrire moins que ce que peut demander la clinique ; laquelle par ailleurs peut avoir tendance à transmettre tardivement le dossier au bon coordinateur médical. Le résultat, quand on est dans des délais très courts comme nous, peut être, comme nous, de refaire en toute urgence un ou deux examens qui manquerait… une fois qu’on a bien, enfin, la bonne traduction de la prescription.  Vigilance donc ! Bien communiquer en amont et le plus tôt possible avec la clinique pour s’assurer dans les meilleurs délais que tout le préalable a été fait. On se serait évité un bon gros stress de dernière minute !

L’après midi sur place en elle même a été en revanche un grand moment d’émotion et de complicité avec le personnel. A une petite heure de Penn Station, New York, dans cette verte banlieue du New Jersey, un peu quand même à l’écart du chemin, la clinique ne paie pas de mine. Pourtant c’est là que va se jouer la partie la plus importante de notre vie.
L’accueil y est chaleureux et la prise en charge totale, pour mon copain comme pour moi (mais surtout pour moi puisque je suis le seul donneur). Même les piqures sont moins piquantes qu’en France ! L’infirmière coordinatrice Jamie est un amour qui n’hésite pas à vous prendre dans ses bras pour vous accueillir et vous prodiguera une écoute attentive et intelligente pendant toute la durée des RDV. Le médecin était d’une telle clarté qu’on aurait pu se demander s’il était vraiment médecin… Jusqu’à la compta toutes les étapes du RDV ont été très pro.
Bref ce qui aurait pu être d’un stress total s’est mué en moment de détente, l’esprit tout entier consacré à ce qui nous arrive : enfin nous réalisions ce que nous étions en train de faire !

Pouvoir bénéficier d’une bonne soirée à NY n’est pas le moindre des privilèges de ce séjour. New York reste la ville stimulante et si appréciable que l’on connaît et que l’on imagine.

Mais finalement ce n’était encore rien comparé au séjour en Floride.